Yves Paquin
Yves Paquin est illustrateur de métier. Si son nom ne vous est pas familier, son travail, lui, le sera. Pensons, par exemple, aux pochettes des albums de Richard Desjardins depuis Tu m’aimes-tu?, à quelques timbres pour Poste Canada, notamment celui réalisé en 1984 pour commémorer la découverte du Canada par Jacques Cartier, à ses illustrations pour l’Office national du film du Canada, à son Tarot idéologique du Kébèk en 1976 (qui connut un énorme succès), pour ne nommer que ces projets-là… Né en 1951, Yves Paquin passe son enfance et son adolescence en Abitibi avant de s’établir à Gatineau, puis à Montréal.

Nataq
Le projet d’illustrer la chanson Nataq de Richard Desjardins remonte à plus de dix ans. L’idée fait tranquillement son chemin. Cette pulsion plus ou moins abstraite au début commence à véritablement prendre forme après la réalisation d’une murale pour une exposition au Musée canadien des civilisations, à Gatineau (devenu le Musée canadien de l’histoire). C’est à partir de là qu’il a ressenti le vif besoin de reprendre les pinceaux. Peintre et graphiste sont des métiers distincts, et la création pure par rapport à celle au service d’une marque ou d’un produit sont également deux mondes. Paquin commence par faire des recherches poussées sur l’iconographie inuite à l’Institut culturel Avataq, à Westmount. « Je ne voulais pas copier l’art inuit, mais m’en inspirer surtout, ne pas dénaturer l’essence de Nataq. » L’iconographie inuite, rappelons-le, évoque de manière métaphorique et poétique « une histoire » de la découverte de l’Amérique par les Premières Nations il y a quelques dizaines de milliers d’années, à travers une poignante histoire d’amour… « Ça m’a permis de trouver mon chemin, le style à adopter. Par exemple, d’utiliser peu la couleur pour ne pas distraire de l’essentiel. C’était important de rester sobre. J’ai choisi quatre couleurs qui se répètent à travers les œuvres, une à la fois, en fait des tonalités autochtones. »

La chanson compte 16 strophes. Pour l’artiste, 16 tableaux, ce serait trop. Il illustre donc par groupe de deux strophes, ce qui donnera au final huit œuvres. Mais avant de pousser plus loin le projet, il veut s’assurer que le créateur du texte se retrouvera dans la démarche. Il en réalise d’abord quatre qu’il montre à Richard Desjardins. Celui-ci est emballé par le projet. « Les Inuits vont aimer ça ». C’est le
« go » attendu.

La réalisation
Une fois la direction donnée, il restait à réaliser le tout. Si, au départ, Yves Paquin savait qu’il voulait matérialiser le projet en estampes, plus particulièrement en sérigraphies, un moyen d’expression qu’il jugeait idéal pour le type « d’esthétisme » qu’il désirait rendre, il lui restait à trouver le bon atelier.

Cécile Hénault, conseillère municipale Ville de Repentigny, Yves Paquin illustrateur, Jean-Roch Ottawa chef du Conseil des Atikamekws de Manawan, Monique Pauzé députée du Bloc québécois, et Normand Urbain, maire suppléant, Ville de Repentigny.

Un travail d’équipe
Le chemin d’une telle production est parsemé de belles rencontres. Celle notamment avec Robert Bellemare jr (Studio Artbeat), sérigraphe de métier, spécialisé en sérigraphie d’art fut judicieuse. Celles avec David Carruthers et Denise Lapointe de la Papeterie Saint-Armand aussi. L’expertise de l’un et celle de l’autre lui auront permis de réaliser un ensemble de huit sérigraphies originales rassemblées dans un coffret de papier fait main de grande qualité esthétique. Le tout a été imprimé à 100 exemplaires. Chacune des huit œuvres est accompagnée de la portion du texte qu’elle illustre, écrite avec la calligraphie de Desjardins, dont la plume n’est pas que bonne mais aussi belle. Le résultat est fantastique, sobre, beau et signifiant. Un projet autour de l’amitié qui a rassemblé des amoureux du travail bien fait! Disponible maintenant.